Suite à l’évaluation du HCSP du 19 mai 2025 sur la Stratégie Nationale de Prévention des Infections et de l’Antibiorésistance (SNPIA) 2022-2025, les biologistes médicaux réaffirment leur rôle essentiel et proposent des mesures concrètes.
Le rapport met en lumière les avancées et les défis persistants en matière de formation, de sensibilisation, d’outils numériques et de coordination territoriale.
En tant que professionnels de santé, les biologistes médicaux sont au cœur du diagnostic, de la surveillance et de la prévention des infections.
Notre implication est déjà avérée au sein des missions SPARES, PRIMO, CPias, CRAtb, et nos collaborations avec les CNR et Santé Publique France.
Nos propositions pour optimiser le dépistage et la surveillance, en collaboration avec les autres professionnels de santé :
- Rembourser le dépistage des maladies respiratoires bactériennes et virales et des pathologies digestives avec les nouveaux outils diagnostics, notamment en ville (Mycoplasma et Chlamydia pneumoniae, VRS, grippe, …). Cela permettrait d’orienter la prise en charge, d’éviter les antibiotiques inutiles, de réduire les passages aux urgences, de casser les chaînes de transmission et d’améliorer l’efficience dans le système de santé.
- Obtenir des recommandations claires sur le bon usage des antibiotiques en ville pour certaines pathologies qui n’en ont pas : otites externes, vaginoses, conjonctivites, …
- Renforcer le rôle du biologiste médical dans la prescription d’antibiotiques ciblés : experts en diagnostic et en antibiorésistance, nous devons être inclus dans le circuit des cystites et angines sans ordonnance, et notre place doit être consolidée dans la prise en charge des IST sans ordonnance, avec prescription des antibiotiques recommandés en cas de besoin.
- Optimiser la remontée épidémiologique des maladies infectieuses via nos bases de données, pour un suivi territorialisé des épidémies.
- Accélérer la vaccination au laboratoire : un potentiel considérable
Les laboratoires de biologie offrent une opportunité unique d’élargir la couverture vaccinale en ville et à l’hôpital, afin de diminuer les infections et la prescription d’antibiotiques inutiles :
- Vaccination lors des bilans de routine aux patients cibles, avec traçabilité dans le DMP.
- Prévention des épidémies : si nous avions pu stocker et administrer les vaccins coqueluche aux femmes enceintes, l’épidémie et la morbi-mortalité de la coqueluche lors de la vague de 2023-2024 aurait pu être largement atténuée.
Nos propositions concrètes :
- Lever les freins législatifs et réglementaires pour permettre la commande, le stockage et la facturation des vaccins en laboratoire.
- Encadrer la prescription par les pharmaciens biologistes dans certaines situations en infectiologie.
- Permettre les derniers outils de dépistage pour les pathologies infectieuses : PCR panel respiratoire bactérien, PCR panel digestif, …
- Accélérer les évolutions numériques : permettre la remontée en temps réel des données épidémiologiques, en donnant aux professionnels les moyens nécessaires.
La lutte contre l’antibiorésistance est considérée comme une priorité de santé publique par l’OMS, et engendre des coûts colossaux pour le système de santé.
En s’appuyant sur l’expertise et la proximité des biologistes médicaux, la France peut considérablement renforcer sa stratégie de santé publique en infectiologie et en antibiorésistance.
Il est urgent d’agir, avant qu’il ne soit trop tard.